[Libre] tournée des couloirs

*Le Baron était revenu à la vie depuis un moment déjà, et les élèves, qui jusqu'à présent redoutaient sa spectrale présence, avaient désormais appris à le redouter physiquement. Son allure pas toujours engageante pressait la plupart des jeunes apprentis sorciers à rebrousser chemin quand ils le voyaient, à plus forte raison lorsqu'ils s'apprêtaient à faire l'école buissonnière. Elias était sans pitié avec les jeunes fainéants qui ne réalisaient pas la chance qu'ils avaient de pouvoir apprendre la magie, comme si cela leur était dû ! Rien de pire qu'un sorcier sans aucune ambition, alors qu'il est doté de pouvoirs que n'importe quel moldu envierait. Son poste de surveillant lui convenait donc à merveille, et c'est par lots entiers parfois qu'il envoyait en retenue les élèves pris en flagrant délit. Et les occupations qu'il leur imposait étaient loin d'être agréables, ce qui faisait réfléchir à deux fois les infortunés. Réfléchissant à de nouvelles formes de sévices, le Baron parcourait les couloirs de Poudlard, veillant au grain à chaque tournant.*

- Écoutez, jeune homme, j'ignore pour qui vous vous prenez pour me harceler de la sorte, mais vous auriez tout intérêt à cesser de suite.

À quelques couloirs de là, Helena regagnait doucement mais sûrement la bibliothèque, mais elle tentait aussi tant bien que mal de se débarrasser d'un élève un peu trop entreprenant... À sa voix grave, on pouvait supposer que celui-ci devait passer ses dernières années à Poudlard. Quoiqu'il en soit, il ne semblait pas vouloir laisser partir la Dame Grise aussi facilement, surtout depuis qu'elle était de nouveau de chaire et d'os.

- Et puis, voyons, vous êtes bien trop jeune !

Mais ce n'était apparemment pas un problème pour lui.

*Ce qui était sûr, c'est que c'en était clairement un pour Elias. Qui donc osait courtiser SA promise ? Oui, même s'il l'avait tuée, même si elle l'avait rejetée, elle ne pouvait appartenir à un autre que lui. Approche d'un pas décidé, baguette en main, l'air grave*

Ce damoiseau vous importune, Lady Serdaigle ?

La jeune femme, qui se sentait à deux doigts de ruiner la descendance de son interlocuteur, sentit un frisson la parcourir lorsqu'elle entendit une voix qui ne lui était que trop familière.

- Elias... souffla-t-elle en essayant de dissimuler sa surprise, le regardant du coin de l'oeil, mais braquant de nouveau et aussitôt son regard sur l'élève, vous tombez bien.

Il ne lui était pas facile de lui parler, mais elle ne pouvait pas manquer une occasion de se débarrasser du gêneur.

Par ailleurs, ce dernier fixait le Baron avec crainte, mais il ne semblait pas vouloir flancher. Qu'il soit le tristement célèbre "Baron Sanglant" était une chose, mais il se demandait ce qu'un surveillant pouvait bien lui faire. Cette pensée fit apparaître peu à peu sur son visage une moue un tantinet... Narquoise.

- Ce jeune homme ici-présent semble avoir oublié l'emplacement des cachots, ajouta-t-elle avec ironie et fermeté. Helena oubliait parfois que les cachots de l'école ne servait peut-être plus de lieu de torture.

- Je ne faisais rien de mal, ser, s'empressa de répondre le principal intéressé.

*Approche avec un air sévère*

Ce n'est pas ce que semble penser la dame. Vous pensez vraiment qu'une personne de son rang pourrait s'intéresser à un enfant tel que vous ? C'est à peine si vous avez du poil au menton. Et que cela ne vous empêche guère d'apprendre les bonnes manières. Sachez tenir vos mains et votre langue en compagnie des dames, damoiseau, ou je me ferais un plaisir de vous enseigner l'étiquette à ma manière.

Le garçon baissa les yeux, compris rapidement qu'il ne valait mieux pas insisté et bredouilla quelques pathétiques excuses, avant de tourner les talons sans demander son reste. Il s'empressa de s'éloigner sans jamais se retourner et disparu au détour d'un couloir, bien trop effrayé à l'idée que le Baron ne l'interpelle de nouveau.

- Merci...... Lâcha Helena en regardant l'insolant s'éclipser.

Après quelques secondes, elle tourna la tête vers Elias avec hésitation, et le regarda de ses grands yeux bleus. C'était sans aucun doute la première fois depuis des siècles qu'elle ne faisait pas comme s'il n'existait pas.

*Ce regard échangé, si longtemps attendu, eut l'effet d'une lame en plein coeur. Pouvoir enfin voir ces yeux remplis de vie le grisait d'une émotion nouvelle et indescriptible. Comment réagir ? Va-t-elle fuir à nouveau ? Quelles paroles souhaite-t-elle entendre ? Le coeur d'une femme est si compliquée...*

Pour toujours, et à jamais, à votre service, Lady...

En réalité, Helena se trouvait plus ou moins dans la même situation. Elle avait cessé de prêter attention à son assassin des siècles durant, jusqu'à ignorer son existence même. Lui parler lui avait semblé très dur, et elle ne savait comment réagir, ni quoi répondre...

Son regard semblait au premier abord méfiant, mais on pouvait y déceler comme une pointe de tristesse... Sauf que la jeune femme ne parvenait pas à deviner avec exactitude ce qui la rendait si maussade. Le fait de se retrouver de nouveau face à l'homme qui l'avait tué bien des années auparavant ? Imaginer qu'ils auraient peut-être pu construire quelque chose ensemble s'ils avaient tous les deux agit différemment ? C'était le genre d'interrogation qui perturbait l'esprit d'Helena parfois.

Elle sembla bouger les lèvres un instant, mais aucun mot ne sortit... Du moins l'espace de quelques secondes.

-.... Ce n'est pas la première fois qu'il me suit de la sorte.. C'était déjà le cas lorsque j'étais encore... Morte. Mais il était plus simple de lui échapper et...

Le cerveau d'Helena bouillonnait et elle se surprenait à lui raconter cette anecdote qu'elle aurait habituellement gardé pour elle. Sans doute était-ce là une sorte de mécanisme de défense que son inconscient aura mis en place pour lui éviter un nouveau choc, mais la réalité repris vite le dessus et ses yeux commencèrent à se faire larmoyant et rougis.

Nous avons tous très vite perdu l'habitude de ces corps de chair. Il nous faut nous réhabituer à leur mécanique... je sais que ce n'est pas facile.

*tente d'approcher d'un pas*

Lady, vous êtes sans aucun doute la plus belle femme qui ai jamais parcouru Poudlard. Que les hommes soient séduits par votre présence me semble hélas inévitable, ils ne sont qu'humains, moi le premier. Mais rappelez-vous que, si vous n'êtes plus d'éther, vous êtes à présent figure d'autorité. Professeur, fille de Fondatrice, Poudlard vous appartient, Lady, et il est de votre droit et votre devoir de le rappeler à toute personne qui semblerait l'oublier.

Helena ne bougea pas d'un pouce, mais elle semblait être sur la défensive, tel un oiseau sauvage toujours sur le qui-vive à l'approche d'une éventuelle menace. Ses yeux se firent de nouveau secs. Il lui faisait mal d'admettre qu'il avait raison.... Au fil des siècles, la jeune femme avait acquis une certaine assurance dans l'art d'éconduire ses prétendants, mais désormais, elle se sentait surtout vulnérable du fait de son état physique.

- Je le sais bien, disons que j'ai retenu il y a bien longtemps qu'il valait mieux m'éclipser poliment lorsque quelqu'un se montre trop.... Insistant, dit-elle d'un regard appuyé et un brin accusateur. Mais ça ne fonctionne pas toujours.

*Se stoppe et détourne le regard, ne comprenant que trop bien que tu parlais de lui.*

Et vous avez parfaitement raison. Certains hommes feraient mieux d'apprendre à rester à leur place. Leur arrogance peut leur coûter très cher...

*s'incline poliment*

Et moi le premier, dois-je me tenir à cette règle. Aussi, si ma présence vous importune, Lady, je ne vous l'imposerai guère davantage, avec votre permission.

La jeune femme ne savait trop quoi décider... D'un côté, il était clair que revoir le Baron raviver en elle de vives douleurs, mais d'un autre, il devenait fatiguant de toujours faire comme s'il n'était pas là.

Merlin lui avait offert une seconde chance, était-ce vraiment ce qu'elle voulait en faire ? Reproduire ce qu'elle faisait depuis des siècles ? L'immortalité ne lui était plus permise, alors il valait mieux ne pas gaspiller cette nouvelle vie en en faisant n'importe quoi. Elle prit une grande inspiration.

- Je vais être franche avec vous, Elias. Vous parler m'est assez... Désagréable, mais je ne peux persister à adopter une attitude qui me fera plus de mal que de bien. J'ai besoin d'avancer, et j'imagine que Merlin nous a ramené tout deux pour une bonne raison. J'ignore exactement laquelle, mais ce ne peut être une coïncidence, ou bien a-t-il un sacré sens de l'humour...

C'était une façon de lui faire comprendre qu'elle était désormais disposée à changer sa façon d'être vis-à-vis de lui, même si cela s'avérerait sans doute un peu pénible.

*Ces quelques paroles suffisaient à lui rappeler qu'il avait désormais un coeur, un coeur de chair qui battait, et qui battait à présent si fort que c'en était presque douloureux*

Voilà de sages paroles, Lady. Je ne souhaiterais pas tuer dans l'oeuf cette volonté qui vous anime en me montrant trop insistant, aussi vous laisserai-je m'approcher à votre guise. Sachez que je suis et demeurerai votre serviteur, bien piètre consolation pour le mal que je vous ai fait...

Elle sembla songeuse, se remémorant ce qu'il s'était passé il y a si longtemps... Elle se souvenait qu'elle n'avait jamais pu imaginer qu'un jour, l'homme qui la courtisait tant finirait par la tuer dans un accès de rage.

- En effet... Mais j'imagine que cela est un début. Nous ne pourrons jamais effacé ce qu'il s'est produit, mais nous pouvons faire en sorte que cela ne se réitère pas.

Elle eut soudain un petit rire nerveux qu'elle tentait de faire discret. Car elle n'avait pas envie de rire, pas du tout même. Mais l'idée que l'histoire se répète lui était tellement insupportable (et surtout improbable selon elle) qu'elle trouvait ça ridicule.

- En tout cas.... Je veillerai à ce que cela ne reproduise JAMAIS, ajouta-t-elle en accentuant certains mots, le regard fixe. Cela lui donnait des airs de poupée de porcelaine plutôt inquiétants, d'ailleurs.

Elle lui en voulait.... Non seulement pour l'avoir assassinée, mais aussi et surtout pour ne pas avoir voulu être patient et comprendre. En réalité, Helena le repoussait surtout car elle avait l'esprit bien trop accaparé par son désir de reconnaissance auprès de sa mère, et non pas parce qu'il ne lui plaisait pas. Mais ça, elle n'a jamais eu le temps de lui expliquer.

- Bien.... Je suppose que nous pouvons déclarer qu'à partir d'aujourd'hui, nous pourrons... "converser"... ?

*T'écoute attentivement, ne comprenant que trop bien tes réticences et ta colère. Mais tes dernières paroles l'apaisent agréablement.*

Je mourrais avant que cela ne se reproduise, Lady. Et pour ce qui est de converser, c'est déjà bien plus d'honneur que je n'en mérite, je tâcherai de m'en montrer digne. S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous aider dans votre travail à Poudlard, ou toute autre chose, je suis votre serviteur. J'ai cru comprendre que vous aviez désormais la lourde responsabilité de gérer la bibliothèque de ce noble établissement ?

- C'est bien cela. Je n'avais pas envie d'être pleinement confrontée aux élèves, alors j'ai estimé que le poste de professeur n'était pas pour moi. La bibliothèque est paisible et parfois peu fréquentée, cela me convient très bien pour le moment.

Aussi Helena aspirait-elle a de plus grands desseins, même si rôle de bibliothécaire était très important.

- J'ai cru comprendre que c'était à vous que revenez la tâches de surveiller et sanctionner les élèves dissidents. N'est-ce point trop pénible ?

La bibliothèque ne saurait être en de meilleures mains que les vôtres... je serais presque jaloux de ces livres.

*petit sourire*

Effectivement, je surveille les élèves avec beaucoup d'attention. Beaucoup ne réalisent pas la chance qu'ils ont d'être ici et cela m'agace au plus au point. D'autres prennent le château pour une aire de jeux et non un lieu de travail et d'études. Je me fais un plaisir de leur rappeler le but de cet établissement, et je les surprend alors rarement à récidiver.

Helena esquissa à son tour un léger sourire en coin.

- Il est vrai que je constate moins de rigueur chez certains, mais il faut aussi les laisser souffler un peu ceux qui le méritent. Vous avez l'air de bien faire votre travaille, hormis le gêneur de tout à l'heure, les couloirs n'ont jamais été aussi calmes.

Je vous remercie, Lady. Je fais de mon mieux pour être utile à cette école que votre famille a participé à fonder. Je considère que c'est le minimum que je puisse faire... J'ai beaucoup à me faire pardonner. Si vous me le permettez, j'aimerais...

*hésite un instant, se redresse*

Accepteriez-vous de partager un thé avec moi ?

Le visage fermé d'Helena se détendit en une sorte de surprise qu'elle essayait de minimiser, comme incrédule face à la demande de son interlocuteur.

- Je....

Elle soupira, ne sachant quoi répondre. Elle s'imaginait en train de prendre le thé avec son assassin, et l'idée lui parut si cocasse que c'en était tentant.

- Eh bien, ma foi, pourquoi pas ? Finit-elle par répondre.

La jeune femme ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même, si l'on peut dire, dans le sens où elle avait décidé de prendre sa vie en main et de ne plus rien en rater. Ce genre de situation en faisait partie.

Afin de vous rassurer sur mes intentions, je comptais bien évidemment vous amener aux Trois Balais. Vous ne serez pas seule avec votre... avec moi.

*inspire, puis se redresse à nouveau*

Si cela convient, naturellement.

La jeune femme eut un sourire en coin.

- Cela me convient. Quand cela vous plairait-il ? Demanda-t-elle.

*Regarde autour de lui, puis te fixe avec un léger sourire charmeur*

Ma foi, pourquoi pas dès maintenant ? Sauf si vous aviez du travail, bien sûr...

- Je ne suis pas contre, allons-y dans ce cas, décréta-t-elle simplement. Je dois juste demander à un elfe de bien vouloir garder un œil sur la bibliothèque.

Helena n'était pas surchargée par le travail en ce moment, quelques heures d'absence ne pouvaient pas faire de mal.

*Cache difficilement sa joie à cette réponse, et te tend son bras avec galanterie*

Vous me faites le plus grand des honneurs, Lady. Passons par la bibliothèque, et allons sans attendre.

» [Libre] un gouter de fin d'été
» [Libre] Au bord de l'eau...
» [libre] Respire...
» [Libre] un pub bien accueillant
» [Libre] Un moment de calme